Lemomentum.NET - PenséeLieu de placotage sur des sujets variés.2023-06-07T18:37:58+02:00Écrivains de placotilleurn:md5:0834a41ce17dbff69d92069568e828c2DotclearChouette, des z'hibous !urn:md5:dc0424129a085d29d48b9d22b60642fb2023-01-28T18:01:00+01:002023-01-29T18:37:15+01:00CylicanoPensée<p><a href="https://lemomentum.net/public/cylicano-Images_en_vrac/Chouette.JPG"><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/cylicano-Images_en_vrac/.Chouette_m.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></a></p> <p>Chouette, des z'hibous !</p>
<p>J'aime cet animal, quelle que soit l'espèce. D'abord, je les trouve belles. Une chouette a le sens de la tenue d'elle même. Elle se tient bien droite sur sa branche. Et la plupart du temps, bien immobile. Elle observe et se confond avec son environnement. Elle est passée maître depuis longtemps dans l'art du camouflage. Et lorsque vous approchez de l'endroit où elle se trouve, c'est probablement elle qui vous a vu en premier, en admettant que vous la remarquiez.</p>
<p>Je me suis rendu compte que les chouettes commencent à être bien présentes dans ma vie quotidienne, sous différentes formes : en motif sur un de mes bas de pyjama (oui, oui), en forme de photophore en métal, en petite peluche, en statuette de pierre, sous l'apparence d'une freque murale comme celle que vous voyez sur l'image. Celle-ci est pile en face d'une des fenêtres de notre appartement. Fresque que je trouve magnifique en passant.</p>
<p>Je suis entouré de chouettes ! C'est chouette !</p>
<p>L'année passée (que nous venons de quitter - bonne année ! tant que j'y pense), nous avons eu la chance de pouvoir en observer de très belles. Il s'agissait plus exactement d'une famille de hibous moyen ducs au complet : mère, père et deux jeunes tout duveuteux - et bien grassouillets. Il faut dire qu'il ne leur faut que quelques semaines après leur naissance pour commencer à voler. Chez les moyens ducs, on a le vol assez précoce dans les plumes, voyez-vous ?</p>
<p>Notre plus grand plaisir était de voir l'un des parents partir en chasse en fin de journée, au soleil couchant (nous étions au mois de juin). Quelle belle allure ! Une chouette, cela sait voler avec classe !</p>
<p>Donc, c'est avec l'image de cet animal vraiment pas ordinaire que je commence l'année 2023 sur le Momentum.</p>Deux zéro deux deuxurn:md5:ada347e42fba71a4eec5d23f5906ef562022-01-01T19:36:00+01:002022-01-01T19:48:35+01:00CylicanoPensée<p>2022, nous y voici !</p>
<p><img alt="" class="media" src="https://lemomentum.net/public/Montpellier/.Reconstruction-OPT_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></p> <p>Je trouve que cette photo aux couleurs inversées, reflète assez bien le sentiment général en ce début de nouvelle année 2022. Une période étrange, marquée par de longs mois de pandémie COVID, d'énormes incertitudes, de transformations progressives inéluctables (dérèglement climatique), la coexistence d'un nouveau monde avec un ancien qui disparait avec tous les repères qui vont avec. Mais dans le même temps, une certaine nostalgie envers différentes choses des décennies précédentes. C'est certainement dû au fait que je suis de la génération X, celle justement pris entre plusieurs époques et qui doit construire quelque chose de neuf en piochant dans le meilleur du passé, du présent et de l'avenir.</p>
<p>Bonne année à toutes et tous.</p>Vint vingt et unurn:md5:5b53d89e88b8c0d696bc6711a826fd682021-01-20T20:21:00+00:002021-02-13T11:30:19+00:00CylicanoPensée<figure style="margin: 0 auto; display: table;"><img alt="Manequin.jpg, fév. 2021" class="media" src="https://lemomentum.net/public/.Manequin_s.jpg" /></figure>
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</p> <p>Un an ! Un an que je n'avais pas écrit sur Lemomentum. Le dernier article s'intitulait Vingt vingt et se voulait optimiste. <a class="ref-post" href="https://lemomentum.net/index.php?post/2020/01/01/Vingt-vingt">Vingt vingt</a>...</p>
<p>Et puis...vint ce truc de quelques fractions de microns ! Ce truc de 19 ! 2019. Vint la grosse ambrouille mondiale. Vint, les êtres humains qui s'enrhument, puis les victimes. les entubés, puis celles qui partent seules. Vint le branle-bas de combat sanitaire. Aux armes écouvillonnes citoyen.e.s, face à cet ennemi invisible. Vint les hurlements scandalisés de ceux qui croient aux miracles et à la logistique hyper facile. Vint les vagues, les confinements, les mesures et demi mesures, les couvre-feu et le travail chez toi. Vint les gamins qui tournent en rond et et les parents en bourrique. Vint les masques. Vint le gel. Vint le gel d'une partie du moteur économique et social qui subit de gros soubressauts. Vint les lignes de crédit étatiques. Vint les dénis, les chandelles et les prises de conscience. Vint les foires d'empoigne parfois. Vint les prélèvements nasopharyngés. Vint finalement la routine pandémique sur de longs mois. Vint le vaccin. Enfin, presque.</p>
<p>Vint, si on résume, un truc digne d'un scénario de film catastrophe de fin des années 90 où Jeff Goldblum aurait pu avoir un rôle de super scientifique et quant à Bill Murray, je n'ose même pas imaginer en rôle de politicien dépassé. On irait chercher Mélanie Laurent pour jouer la médecin chef dynamique et on demanderait à Tarantino de piquer un délire côté scénar, quitte à lui assurer de pouvoir engager un certain William Shatner pour un capitaine de vaisseau habillé en pijama jaune et noir (Tarantino voulait faire le prochain Star Trek). On pourrait aussi demander à Alexandre Astier, quitte à lui demander de ramener toute sa clique d'acteurs que nous aimons tant. Merlin en professeur Raoul, ça cadre non ? C'est pas faux. Tout ça sur une musique "ver-d'oreille" de Claude Engel et des paroles hypnotiques de Richard Gotainer.</p>
<p>...non, je déconne.</p>
<p>et Vint vingt et un. Enfin.</p>
<p>Enfin, le début c'est revint. Revint, les êtres humains qui s'enrhument, puis les victimes. les entubés, puis celles qui partent à peine moins seules. Revint le branle-bas de combat sanitaire. Aux armes toujours aussi écouvillonnées, citoyen.e.s, face à cet ennemi toujours aussi invisible et qui mute en plus ! Revint les hurlements scandalisés de ceux qui croient aux miracles et à la logistique hyper facile de production et de transport du vaccin. Revint les vagues, les confinements, revint le même bazar...</p>
<p>Et pourtant, vint un moment où la marmotte, un jour, on sait qu'elle fini par mettre le chocolat dans le papier d'alu et qu'elle sort de cette boucle sans fin.</p>
<p>Ce jour là, je t'assure, tu pourras le déoucher et le déguster à plusieurs...le roi des vins ! (enlève le masque avant et garde les distances quand même).</p>
<p>Et bonne année vingt vingt et un !</p>Le ciel n'est jamais loin lorsqu'on voyageurn:md5:3dfa9fef67e8c332f39b14f711d2fc7a2017-06-25T16:57:00-04:002021-02-11T16:11:59-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.AubeLitteraire_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>Montréal, lecture à l'aube. Le café fume dans sa tasse. Tourné plein Est, vers l'Europe et, au delà, vers l'Asie. Le soleil m'accueille au petit matin alors qu'il est encore en tenue de soirée à l'autre bout du monde.</p>
<p>Je suis d'humeur profondément nomade et vagabonde. D'ailleurs, je range mes malles ces temps-ci. Signe de bougeotte structurelle et de mouvement tectonique. Je sais mes vieux amis, avions long courrier, trains et bateau, être toujours prêts pour la prochaine grande aventure. Il y a des moments dans la vie où l'on sent frémir tout son être, porté par le désir de se déplacer. C'est irrésistible. Être immigrant, parti, c'est un mouvement perpétuel.</p>
<p>Le livre, l'Enigme du retour, de Dany Laferrière, parle bien de voyage mais surtout d'Haïti, l'écorchée. Il parle bien de ce décalage que vit tout immigrant de retour ou de passage dans son pays d'origine après être parti.</p>
<p>J'ai passé commande de mon nouveau vélo avant hier, taillé lui aussi pour la route. Il sera rapide. Il en portera un des noms de légende : Celeris, fis de Pégase. C'est aussi une constellation. Lorsqu'on voyage, le ciel n'est jamais loin car c'est souvent lui qui nous guide.</p>Rire de nous mêmeurn:md5:c6b830253ddd12b35a2da3a6273566142015-01-10T15:01:00-05:002021-02-11T16:14:54-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.Chalie_s.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>Les événements tragiques survenus au journal Charlie Hebdo m’ont permis de prendre conscience de la valeur de mon héritage culturel. La liberté de parole dans le respect de l’autre qui nécessite aussi, en contre-partie, la capacité d’écoute et d’auto-critique. C’est une saine gymnastique de l’esprit. Rire du monde qui nous entoure, à commencer par soi-même, permet une saine remise en perspective. Parce qu’un dessin et quelques mots en disent parfois plus long que des textes entiers. Parce qu’un dessin représente l’imaginaire qui ne peut pas se dire simplement. Parce qu’il peut incarner le cri silencieux de tant d’hommes et de femmes dans le monde qui n’ont aucun droit de paroles. Parce que rire c’est se rejoindre ensemble. Rire c’est le fait de l’humain. Il y a peu de temps, des amis d’origine malienne m’expliquaient par exemple le rôle du « sanankouya » dans leur culture. Véritable soupape de sûreté qui permet, par l’usage d’échange de plaisanteries sur l’histoire des noms de famille de chacun et de chacune, de fraterniser, de dédramatiser des situations. Le rire, bien utilisé et intelligent, est salvateur.</p>
<p>Les meurtres perpétués m’ont directement et profondément affecté. Au-delà des individus assassinés, bourrés de talent et d’humanité que nous lisions depuis plus de quarante ans, il y a le choc de la symbolique. L’exécution d’une extrême lâcheté, d’hommes et de femmes sans défense, par des êtres aux raisonnements effroyables, ayant perdu le contact avec la réalité, ne portant comme valeurs que le rejet des autres, l’atteinte à la liberté de penser et de s’exprimer, l’atteinte à la vie.</p>
<p>Ces « êtres » ne sont que des marionnettes décérébrés, manipulés par des réseaux d’influence implacables, aux doctrines et vision du monde effarantes. L’ensemble représente exactement ce que nous devons combattre si nous voulons organiser un monde apaisé, ou chaque individu, quels que soient son origine et ses valeurs, a sa place, sa légitimité.</p>
<p>C’est par l’échange pacifique entre nous, entre individus, entre citoyens du monde, que nait le progrès des nations. C’est par notre intelligence collective que nous surmonterons les défis écologiques, économiques, ethniques, politiques, sociologiques, géopolitiques. Le rire est un ciment, un exutoire.</p>
<p>Nos caricaturistes, notre liberté de presse, nos écrivains dénoncent les systèmes, les abus, les dictatures, les impasses de la société. Ces dessinateurs n’étaient tendres, ni avec les fondamentalistes religieux de tout bord, ni avec les politiques, ni avec le monde la finance, des acteurs voraces du capitalisme, les états, ni avec nous-mêmes, ni avec eux mêmes. Ils aident à mettre le doigt sur les maux plus ou moins graves de nos sociétés. Ils sont les passeurs de réflexion.</p>
<p>Soyons honnêtes, nous délaissions un peu collectivement la lecture de Charlie Hebdo depuis quelques temps. Ils luttaient pour leur survie. C'est paradoxal de voir aujourd'hui ce mouvement de soutien national et même international, redonner une nouvelle impulsion au magazine. Il faut parfois des événements tragiques, des disparitions, pour se rendre compte de la vraie place que les gens prennent dans nos vies. Voici un sursaut de patriotisme, d'honneur, d'attachement qui se manifeste. Un sursaut républicain.Il était temps. Espérons que cela ne soit pas du domaine de l'éphémère.</p>
<p>Les français avaient la fâcheuse tendance au défaitisme ces derniers temps. Vis à vis d'eux-même, de leur place sur l'échiquier mondial. L'auto-complainte, ils savent faire. J'en sais quelque chose, je suis un de ces gaulois râleurs. Ils viennent de se rendre compte, en ce dimanche 11 janvier 2014 que le monde entier les regarde et les écoute. Qu'ils ont, comme chaque nation, une culture, des valeurs universelles qu'ils doivent assumer. Que leur sens de la liberté d'expression, de leur verve littéraire et artistique comptent. Que leur bagout et leur humour, parfois sarcastiques, est une qualité. Que leurs valeurs républicaines ont un sens.</p>
<p>J'espère que cette épreuve va les inciter à relever la tête. Après le temps du tragique et du recueillement, vient celui de la reconstruction. C'est dans l'adversité, trait partagé avec les québécois je trouve d'ailleurs, qu'ils sont les meilleurs et les plus beaux.</p>
<p>J’ai discuté hier soir avec un chauffeur de taxi très sympathique, d’origine algérienne et de confession musulmane. Il était tout aussi choqué que moi par les dernières tueries. Il a réussi à me faire un peu rire avec une petite blague rigolote sur… le Prophète. Tout n’est pas perdu.</p>
<p>Nous sommes Charlie.</p>
<p><img alt="HommageCharlieAsterix.jpg" src="https://lemomentum.net/dotclear/public/.HommageCharlieAsterix_m.jpg" /> Merci à monsieur Uderzo pour cette belle caricature.</p>Ni anges, ni démonsurn:md5:87e9f6b6cda084165d5f7ede7c0461382013-09-19T22:37:00-04:002021-02-11T16:15:11-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.Ange_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>L’intégration multiculturelles dans un pays ouvert versus la simple cohabitation de communautés qui se tolèrent plus ou moins dans un pays hôte, c’est la même différence qu’entre un vrai gâteau au chocolat-bananes aux milles saveurs et une salade de fruits. Dans un cas, on mélange, on fusionne, on émulsionne des ingrédients qui se modifient et s’enrichissent mutuellement. Dans l’autre, on ne fait que mettre ensemble des fruits sans réellement les modifier. Et on n’oublie pas de saupoudrer de belles paroles sucrées et de belles intentions pour changer le goût. Je préfère, et de loin, le gâteau. Dans tout ce que j’entends autour de moi, je m’aperçois qu’on confond culture et religion. C’est pourtant tout de même très différent. C’est vrai, le fait religieux peut faire partie d’une culture, voire même l’imprégner complètement. C’était la norme dans les siècles passés, mais ça l’est de moins en moins, « Dieu » merci. Il y a eu assez de tapages de gueules meurtriers entre nations pour ce seul prétexte, celui du païen, de l’incroyant ou de l’hérétique indésirable du pays d’en face. C’est bien connu, le démon est dans l’autre et sa croyance impie, croix de bois, croix de fer, si je mens... Voilà donc pourquoi, et comme Victor Hugo le disait si bien, je prône « l’État chez lui , l’Église chez elle, ». Les deux ensembles ne font pas un bon ménage pour les peuples qu'ils gouvernent. La religion est d'abord et avant tout du domaine du privé, du personnel, du spirituel. Après tout, chacune d’elle revendique détenir La Vérité. Ce qui n'est pas rien tout de même quand on y pense. Ça fait pas mal de pauvres "bougres et bougresses" enchaînées, tailladés, écorchés, lapidés, rejetés, excommuniés et j’en passe, depuis des siècles, pour n’avoir pas su être "dans le vrai", pour "s’être trompé", avoir oser ne pas voiler, ou ne pas se conformer à la pratique, être déclarés des hérétiques coupables. Passe encore dans le passé avec des états religions, plus ou moins éclairés, pas du tout modérés, à la science confuse et aux frontières bien délimitées. Mais aujourd’hui, alors que beaucoup d’eau (bénite ou pas) a coulé sous le pont, nous n’en sommes plus là. Les hommes et les femmes migrent et immigrent, les religions étendent leurs parts de marché et se mondialisent mais l'athéisme ou l'agnosticisme prennent également leur place. Même un inuit peut, si cela lui chante, aller prier, tourné vers la Mecque depuis le Grand Nord, à l’appel du muezzin et faire le Ramadan, alors qu’au même moment, un arabe pur laine, être plus agnostique que moi. Les occidentaux quant à eux, ont perdu l’habitude d’une religion catholique ou protestante omniprésente. Cela fait belle lurette qu’elle n’impose plus de code vestimentaire contraignant. La laïcité a surgit de ces périodes religieuses passées teintées d'obscurantisme, et s’est doucement imposée au niveau de l’état comme trait d’union des citoyens multiples du gâteau nation. À mon sens, cette capacité pour un fonctionnaire de mettre le Kipa en partant le matin mais de l’enlever une fois rendu au bureau avant d’aider un citoyen à assurer son véhicule à la SAAQ – à mon inuit de tantôt, tanné de ne pas avoir de mosquée et décidée à la chercher sur l'ïle de Montréal au volant d'un Westfalia- est la meilleure preuve de modernisme qui soit. C’est placer l’État à sa vrai place, celle d’une institution où couleurs politiques et convictions religieuses doivent rester au vestiaire. L'habit fait le moine mie de rien, loin d'être anodin quoiqu'on en dise. J'ai remarqué qu'en plus de 15 ans d’activités professionnelles dans les grandes directions informatiques des grandes entreprises en Europe et Amérique du Nord, je n’ai tout simplement jamais vu de signes religieux « ostentatware » alors que rien ne les interdit vraiment. J’ai croisé pourtant plusieurs fois des collègues profondément croyants et pratiquants. Pas différents des autres collègues, aux origines culturelles pourtant très diversifiées, d’Afrique, Inde, Asie d'Europe et d'ici. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils se sentaient diminués en quoique ce soit, leur visage découvert devant leur clavier et écran, face aux divinités Internet, réseaux, archanges logiciels ou autres apôtres du monde digital. Entendons nous bien, je prône la liberté de culte et d’habillement dans la vie de tous les jours et je ne suis pas du tout gêné par les styles vestimentaires variés. Mais je porte une trop haute estime de l’État pour le voir malmené sur ces enjeux. Je demande aux religieux d'être modérés, de ne pas lier leur foi à la présence ou non de tel signe, symbole de vêtement, croix ou bout de tissu. L'important n'est pas ce que tu portes, mais ce que tu penses, apporte par ton humanité et tes valeurs. L’État c’est l’Institution du peuple pour le peuple. Obligatoirement rassembleur et au dessus des intérêts individuels. Pour tous, par tous, dans une approche la plus démocratique possible. L'Assemblée, le gouvernement, les institutions ou encore chaque fonctionnaire en sont les expressions les plus directes et visibles. Ne les instrumentalisons pas.Une certaine neutralité vestimentaire, constitue leur plus bel uniforme. Ni anges, ni démons.</p>Ce corpsurn:md5:e8b3d2d1e5bcb6235a75a8d9cded7e3d2013-06-19T23:14:00-04:002023-01-02T06:48:44-05:00BibiPensée<p><img alt="" class="media" src="https://lemomentum.net/public/.IMG_20170805_094614_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></p> <p>J'ai dans la tête le journal d'un corps. Celui-là même qui vieillit, parfois nous trahi, avec lequel on apprends à composer et à se décomposer. Il faibli, nous l'accommodons. L'annonce de sa faiblesse nous choque, comme une trahison. Yeux...pourquoi faiblissez-vous ? Oreilles ? qu'avez-vous à tant bourdonner ? Ce corps si étranger à ma connaissance. Il est vrai que je l'habite de manière passive. Je m'y intéresse seulement lorsqu'il connait des ratés. Et à ce moment, je lui en veux. Terriblement. Je l'accuse: " tu n'as pas le droit de me diminuer, de me ralentir, de m'affaiblir". Mais le corps a tous les droits. Il commande et on s'adapte. Par exemple, cet œil capricieux qui se refuse à me rendre les lettres parfaites au premier regard, je le maudit. Toi qui depuis tant d'années plissais à mon gré, me révélant tout ce qui pouvait assouvir ma curiosité. Ah bon, d'accord...je t'aurai sollicité un peu trop, abusé de ta force, utilisé sans ambages aux petites lueurs du matin jusqu'aux soubresauts tardifs de la nuit. Qu'as-tu maintenant à grimacer ? À rechigner devant le "photoraptor" de l'optométriste. Tu résistes ? Oui, confirmera la candide optométriste. Votre œil n'en a plus rien à cirer. Il décroche, vous envoie paître comme cet ex à qui l'on a trop répété les travers sans jamais rien pouvoir y changer. Le travers est là. Vivez avec maintenant. Le premier coup est un peu dur. Ce corps avec lequel on ne faisait qu'un, que l'on croyait invincible, encaissait silencieusement. Comme un fidèle compagnon dont on ne remarque le décharnement, tellement habitué à sa présence qu'on a perdu l'habitude de le considérer vraiment. Ta maladie m'attriste, m'irrite. Je croyais que tu arrêterais ce caprice, stopperait l'idée de la décrépitude dès l'instant où j'étais résolue à prendre soin de toi. Non, trop tard, me dis-tu, las.</p>
<p>Je ferai contre mauvaise fortune, bon cœur. Je me contenterai de voir imparfaitement. Je me satisferais de ce "flou artistique", de ce halo que tu dessines autour des lettres , des mots, des phrases. Après tout, rien n'est parfait.</p>Toile filanteurn:md5:f7e4f710dbb58dac52e13c0ee44cb90c2013-01-05T20:53:00-05:002021-02-11T16:18:12-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.Toile_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à la parcourir. La Toile. Elle connecte une certaine partie du monde, reliant des hommes et des femmes entre eux, en laissant de côté bien d'autres. Dessus, y circulent à la vitesse de la lumière de l'information. Souvent désuète en très peu de temps. Nous pouvons la consommer de bien des manières cette information, un peu partout. Dans le métro, dans une file d'attente, au travail, à la maison, dans la toilette ! Il y en a qui ne se gênent pas à carrément le faire au milieu d'un repas avec des proches... Il n'y a plus de limites. Je suis souvent dubitatif lorsque j'y pense. Comment en une vingtaine d'années, cette toile est rentrée dans nos vies. Fait partie de nos quotidiens. Comment l'information file, file et file encore, par milliards d'octets à la seconde. Vaste toile neuronale interplanétaire où se croisent tant de langues. Vaste toile filante.</p>
<p>Au retour de quelques jours passés au fin fond de la région des Chaudières-Appalaches, de la réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, je me sens vraiment loin de cette toile là. Pas de technologie pendant 3 jours, dans un décor reposant de neige blanche, dans un silence et un calme de bois. Le vrai bois. Le bois des sapinettes (contraction personnelle de sapin et d'épinette) et des érables sur des montagnes blanches aux pentes douces. Le bois que tu parcours en raquette, qui te givre, emmitouflé dans tes couches de vêtements d'hiver, pourtant "High-tech". Une bonne louche de Nature. Tiens, je remarque que les érables sont connectés eux aussi d'une certaine façon, par un système de tuyaux et de pompes. Pour la prochaine montée de sucs, je vous rassure. Est-ce que eux aussi se passent des messages ?...</p>
<p>C'est donc dans ce décors que nous avons débuté la nouvelle année. C'est avec ce décors en tête que nous vous la souhaitons la plus belle possible. Pour tout ceux qui vont la vivre, de bien des manières, pour ceux qui arrivent, ceux qui vont partir, par bien des chemins. Sous le ciel étoilé, ne jamais oublier que nous aussi, nous sommes des étoiles filantes, des flux de lumières éphèmères...</p>Ces vieux Dinosauresurn:md5:d154a5c2dba4c88b41c59b99fbed01d12012-12-23T18:55:00-05:002021-02-11T16:18:39-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.Dinosaures_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>...Eux, ils l'ont vécu la fin du monde. La fin d'un monde. Un gros caillou venant de loin qui s'écrase un jour à toute vitesse. Disparus. Les voici passés de vie à...fossiles de musée.</p>
<p>...Ceux-là aussi l'ont vécu la fin de leur monde,une journée de décembre. Celui de l'enfance cette fois. Alors qu'ils commençaient à peine à le découvrir. À cause d'un détraqué-fou-dangereux-fini, qui a pu se procurer un armement digne d'un commando militaire aussi facilement qu'un lecteur CD blue Ray et faire ensuite un carnage dans une école. Un Tyrannosaure Rex aurait fait moins de dégâts.</p>
<p>J'ai tenu et tiré à l'entraînement avec une arme d'épaule automatique de ce genre là. C'était en 1994, pendant mon service militaire. Un FAMAS de l'armée française. Ce genre de truc n'a absolument rien à faire en vente libre. Conçu uniquement pour tuer, si possible en attaquant. Cela ne s'appelle pas un fusil d'assaut pour rien. Aucun civil ne devrait pouvoir s'en procurer. Aucun. Le débat sur les armes à feu est sensible en Amérique du Nord. Particulièrement chez l'Oncle SAM. Mais aussi ici, surtout dans les provinces de l'Ouest. Une arme, est pourtant tout sauf banale. Elle n'a été conçue et construite que pour enlever la vie le plus efficacement possible à son prochain. S'en procurer une est pour moi, un acte criminel en soi. Le signe d'une volonté d'en découdre.</p>
<p>Je veux bien que certaines armes, utilisées par les vrais chasseurs de gibiers de forêts, puissent être achetées mais elles n'ont rien à voir avec ces matériels para-militaires. Messieurs, mesdames les chasseurs, pourquoi ne vous mettez vous pas au maniement des arcs et des arbalètes ? Ou même des mousquets tiens ! Vous seriez plus sportifs et ne serviraient plus d'alibi pour la vente d'armes en tout genre.</p>
<p>Finalement, de vieux dinosaures rodent encore de nos jours. Pas ceux que l'on pense. Plus dangereux, parmi nous, prêts à tuer, qui ont du poids sur les politiciens, qui ont beaucoup d'argent. Je veux bien sûr parler des organisations de défense de la libre circulation des armes de poing et d'épaule et autres lobbys anti-registre d'armes à feu.</p>
<p>Je les croyais vivant encore dans leur Far West, défendant un droit constitutionnel de port d'armes venant de cette époque pas si lointaine, mais tellement décalée avec la nôtre. Je me trompais. Ils vivent dans une bulle du Jurassique qu'ils se sont créés dans leur paranoïa sécuritaire, véritable jungle où tout se règle à coups de crocs et de griffes. Traduisez flingues et sulfateuses de haute technologie. Le problème est qu'ils mêlent leur monde armé au notre. Nous sommes leurs proies si l'envie leur en prend.</p>
<p>On les croyait pourtant disparus, ces bons vieux dinosaures....Ils sont revenus.</p>...pourtant, le nôtreurn:md5:0af2cd73a4a078e7818f5ed12e66fd7c2012-12-03T19:54:00-05:002021-02-11T16:18:55-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.AutreMonde_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>L'autre jour, je traversais la rue dans le centre-ville, sur le passage piéton d'un grand boulevard. Il y avait cinq ou six personnes qui marchaient en même temps que moi. C'était la fin de journée, la pénombre commençait à gagner. Les lumières orangées de la ville nous éclairaient. La circulation était dense coin René Lévesque et Beaver Hall. Soudain, dans le brouhaha des autos, retentit un gros coup de klaxon de camion dans mon dos. Un grand monsieur un peu gringalet qui se trouvait juste devant moi, eu peur, sursauta et perdit l'équilibre, sa cheville se tordant. Je lui ai pris le bras gauche pour l'aider à se relever. C'est à ce moment là que je me suis aperçu de son infirmité. Gestes imprécis, membres tordus, démarche quelque peu "brinqueballente". D'un seul coup, j'ai ressenti de la compassion. Ce grand gaillard qui s'avérait être aussi fragile qu'un jeune enfant. Il s'est dépêché de se remettre sur pied, avec ses gestes maladroits. Je l'accompagnais jusqu'au trottoir opposé, essayant d'avoir la bonne attitude. Je lui dit quelques mots qui se voulaient rassurants. Il me répondit avec sa "gueule cassée". Je n'ai rien compris sur le coup. L'important était de m'assurer qu'il allait bien. Je pu m'éloigner en le laissant continuer, cahin-caha. J'en voulais à ce camion agressif. J'en voulais à ces conditions de vie si difficiles pour nos handicapés, pour qui, traverser une rue est une prise de risques permanente. Comme ces non-voyants submergés, bousculés dans le métro, par nous, la foule des bien-portants. Courageux, courageuses de chaque instant, sans y penser, parce que "pas le choix". Leur infirmité leur donne souvent une forte intensité, nous marque dans notre humanité. Différents de la plupart, comme venant un peu d'un autre monde...pourtant, le nôtre.</p>Un rêve alimentaireurn:md5:8c94702148b38babaed12cd503010fef2012-11-20T15:13:00-05:002021-02-11T16:19:07-05:00BibiPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.hochelaga_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>Le 4235 Hochelaga est un commerce de quartier qui a pignon sur rue depuis le début des années 80. Le quartier d’alors est populaire, sa population fourmille d’individus de divers horizons sociaux, classes modestes et aisées se côtoient et donnent une âme à Hochelaga. Une autre épicerie IGA est située la porte d’à côté. Elle offre une compétition farouche, mais civilisée. Les tourniquets des deux commerces roulent sans grincements avec une affluence régulière. Nous sommes à l’époque des commerces ouverts de 9 à 18h du lundi au mercredi et de 9 à 21h les jeudis et vendredis et... fermés les dimanches.</p>
<p>En 2000, les épiceries à grande surface font leur apparition et en 2004, un Super C s’établit sur la rue Pie IX, un Loblaw un peu plus à l'Est. Quelques années plus tard, les tourniquets du IGA grincent et bientôt s'arrêtent de tourner. Le 4235 résiste tant bien que mal à la concurrence du géant attrayant par sa nouveauté, les prix coupés, les formats JUMBO et SUPER. Les tourniquets sont enlevés, deux des quatre caisses enregistreuses, retranchées. La boucherie qui fournissait les résidents du quartier, les restaurants et les banquets se vide de ses ressources pour se tourner vers la boucherie industrielle mieux payée et moins contraignante.</p>
<p>Doucement et en une décennie, l’enseigne Métro est enlevée et remplacée par celle du Marché Ami, filière de Métro qui dessert les commerces de plus petite taille à des prix parfois prohibitifs sans être synonyme de qualité. Le quartier vit des périodes difficiles : gangs de rue, motards, pauvreté. Le commerce perd 10 % de son chiffre d’affaires et les employés qualifiés quittent pour les grandes surfaces. Néanmoins, le commerce réussit à garder la tête hors de l’eau et se maintient grâce à la vaillance des ressources qui y sont attachées.</p>
<p>Aujourd’hui, je passe en face de ce commerce et je vois son enseigne de mon balcon. Je rêve et je ne suis pas la seule, Attachée à cette façade encombrée de multiples annonces, j’aimerais la voir renaître. Entendre le vacarme des caisses enregistreuses, le rire des clients et leurs blagues répétées cent fois aux caissières qui connaissent par cœur leurs petites habitudes. L’un veut sa facture dans le sac, l’autre un Peter Jackson, cette dame au dos courbé qui sort de chez elle pour se dégourdir les jambes et gratter son Mot Croisé. Ces visages, ces ambiances sont ceux de mon enfance, de mon adolescence. Maintenant, je vis dans ce quartier et je croise ses vieillards à qui je remettait autrefois des Bingos, ses parents qui venaient autrefois chercher la peinte de lait et leurs enfants qui ont l'âge de la mienne. J’aimerais les voir animer ce commerce, dire LEUR épicerie. Nous sommes dans un désert alimentaire et méritons mieux. Hochelaga aime manger et voudrait manger mieux.</p>
<p>Je rêve d’une vitrine attrayante, d’étagères encombrées de produits de qualité à prix accessible. Des fruits, des légumes, du poisson, des fromages, du bon pain Arhoma, du bon café de torréfacteurs locaux (Saint-Henri, Café Rico, Saint-Denis). Et pourquoi pas…un espace et le temps pour le savourer. Je rêve d’y mettre une petite machine à Espresso, deux tables, quelques chaises et des journaux. Chez <strong>Hochelag M manger</strong>, on prendra aussi le temps de savourer la diversité du quartier.</p>
<p>Et si je rêve un peu plus haut, c’est pour y construire des logements et un toit vert. Celui qui accueillera un jardin. Souveraineté alimentaire et grenier d’espoir seront au rendez-vous. Le bâtiment serait certifié LEED, accueillerait entreprises ou locataires avec un jardin sur son toit. Le projet de jardin permettrait l’insertion de jeunes en difficulté qui à défaut de s'occuper à étudier aiment bien se balader sur les toits, nous avons pu le constater.</p>
<p>Un projet économique et social pour réanimer cette artère commerciale. Pour faire battre à petits coups de grands projets les artères de ce quartier et animer avec force le cœur d’Hochelaga.</p>Insouciance collectiveurn:md5:a9ecd756d839ffd9c657a16204dd64dc2012-11-14T09:11:00-05:002021-02-11T16:19:29-05:00BibiPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.carrerouge_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p><strong>Et si mettait à l’amende toutes les personnes qui n’exercent pas leur droit de vote et versait cet argent pour financer les élections ?</strong></p>
<p>Je provoque la question comme cela puisqu’au final, toutes ces personnes qui ne se sont pas prévalues de leur droit et responsabilité fondamentale de citoyen contribuent au système corrompu.Le cynisme et l’indifférence de la population face à la chose publique a provoqué des hausses de tarifs, de la corruption, gangrenés notre démocratie. Plutôt que de laisser financer ce désabusement par des intérêts financiers, pourquoi ne pas taxer le désintérêt ? Il vous en coûtera 3% de votre salaire annuel pour un vote manqué ! Et vlan ! l’indifférence démocratique a un prix collectif. Chez certains, inutile de tenter de semer des graines du bon sens. De la même trempe qui craignent les contraventions plus que la mort d’autrui lorsqu’ils roulent 70 km/h en zone résidentielle, ces gens là ne méritent plus d’explication. La contrainte financière devient le seul remède à leur bêtise.</p>
<p>À notre époque, le printemps arabe est l’illustration virulente du fossé qu’une société doit combler lorsque son indifférence extrême la relègue au statut d’opprimé. Ceux qui préfèrent leur confort à la démocratie ne méritent ni l’un ni l’autre. Aux chaînes ! celles de l’asservissement par le travail plutôt que l’élévation par la conscience. Lorsqu’un peuple courbé sous de pesantes chaînes hésite à les briser avec ses propres mains, il peut changer facilement de tyrannie, mais ne pourra jamais gagner sa liberté.</p>
<p>À l’automne, les étudiants ont décidé de manifester contre l’indifférence et de briser leurs liens. Tarifer la connaissance, confiner certaines classes sociales à l’ignorance : la jeunesse des années 2000 a refusé de porter le poids individuel et collectif du silence. Le refus de payer pour apprendre ici se comprend. Accepter de payer pour mieux baigner dans le confort de l’indifférence et l’épaisse noirceur collective qui envahissaient le Québec complaisant des neuf dernières années nous aurait précipité dans un gouffre démocratique sans fond. Je tiens à les remercier, pour nous. Et si ma devise est « Je me souviens » c’est qu’elle invite au devoir de mémoire de toutes les générations et de moments charnières comme ceux-là… Me souvenir assez longtemps de cette époque pour soutenir ma fille si un jour, elle doit à son tour, porter le carré rouge.</p>Fidèle Tractionurn:md5:a19edaee66eef20d993d1c3d13b169fe2012-11-11T15:37:00-05:002021-02-11T16:19:43-05:00CylicanoPensée<p><img alt="" src="https://lemomentum.net/public/.Traction_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p> <p>Tu as conduis ce modèle d'auto. C'est une Traction Citroën. Je n'ai pas connu cette époque, je n'étais même pas né. Je me souviens seulement de ton automobile toute orange que tu avais quand j'étais petit. Qu'est-ce que nous avons roulé dans cette guinde là. Une authentique Renault 6. Tu comprends que ta Traction me faisait davantage rêver. Celle-là, on la voyait dans les films. Ta vie avant que je naisse est devenue avec les années une source d'inspiration. J'en parle encore aujourd'hui. Étrangement, c'est surtout tes fils et tes amis qui m'ont raconté petit à petit, au fil des années, comment tu as traversé courageusement ton époque. De toi directement, peu de récit. Au moment où tu aurais pu le plus me le raconter, tu m'aidais à découvrir le petit monde villageois qui m'entourait. À marcher en forêt, t'accompagner au potager, faire les vendanges. Et quand un jour, je fus prêt, toi, tu ne pouvais plus articuler. C'est moi qui te faisais marcher, te soulevant presque les pieds du sol, figé dans ta faiblesse généralisée. Ton monde à toi était devenu si exigüe. Tu redevenais petit. Tes yeux seuls me parlaient encore. Profonds. Alors, j'ai dû enquêter, recouper les indices, comprendre les événements. Mobilisation, bataille, escarmouche, emprisonnement, fuite, peur et frousse, retrouvailles, être-aimée, cavale. Résistance. Courage...Armistice. Comme des milliers d'autres, anonymes ordinaires, forcés à l'extraordinaire, dans la noirceur métallique et froide, forcés aux gestes de survie. Parmi ces héros anonymes, tu es devenus le mien. J'entretiens ton histoire, tes enseignements, quelque fois avec une petite dose d'imagination puisque tu es parti depuis si longtemps déjà. Je te réinvente un peu pour combler les blancs, en veillant à garder l'essentiel fidèle à qui tu étais. Ta personnalité demeure fortement ancrée en moi. Ton influence demeure. Elle s'immisce dans mes pensées, inspirante. Incursions brèves qui m'aident toujours à aller de l'avant. Ta fidèle traction.</p>